Le géospatial au service des communautés du Pacifique
Les états et territoires insulaires du Pacifique (PICTs) subissent de plein fouet le changement climatique et sont confrontés à des besoins croissants avec des ressources limités pour y répondre. Grâce aux données d’observation de la Terre, ces enjeux peuvent être étudiés, compris et analysés. Au niveau local comme régional, il est donc nécessaire de mettre en place des politiques de développement durable et de gestion des territoires et des ressources. Dans ce contexte, la donnée géographique apparait comme un outil d’aide à la décision essentiel pour les gestionnaires.
Dans le Pacifique, l’IR Data Terra a pour objectif principal de promouvoir l’usage des données d’observation spatiales appliquées à la connaissance des territoires. Ceci se fait notamment à travers son dispositif d’animations régionales thématiques (ART). Initialement à l’initiative du pôle Theia (surfaces continentales), ces animations sont désormais étendues à toutes les thématiques associées : atmosphere (pôle Aeris), oceans (pôle Odatis), terre solide (pôle Formater) et le dispositif d’imagerie satellite haute résolution DINAMIS. L’intérêt des ART est de regrouper des structures publiques et privées sur une base territoriale, avec un intérêt pour la collecte, le traitement, la valorisation et l’interprétation des données an appui aux politiques publiques.
Très active auprès des communautés du Pacifique, Data Terra soutient des activités scientifiques et des dynamiques d’animation structurantes pour les communautés tant locales (ex Observation Spatiale au Service de la Nouvelle-Calédonie – OSS NC) que régionales (ex Symposium Géospatial d’Océanie – OGS 2022). Nous avions pu, à l’occasion de l’OGS 2022, évènement régional majeur en géospatial, présenter à la fois les actions de l’IR Data Terra ainsi que les recherches en ressources en eau et en gestion des zones humides, et plus généralement des activités maritimes, en partenariat avec l’ART GeoDEV Nouvelle-Calédonie, une émanation des ART de Data Terra.
L’ART GeoDEV Nouvelle-Calédonie a été créé en mai 2019 à l’initiative conjointe de l’IRD Nouvelle-Calédonie et de la société INSIGHT SAS, spécialisée en géospatial. En 2021, l’Université de Nouvelle-Calédonie a rejoint le dispositif d’animation régionale satellite, suivi par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie l’année suivante. L’ART vise à servir de lien entre la communauté scientifique métropolitaine et la communauté néo-calédonienne afin de renforcer les compétences dans une série de thématiques prioritaires. Plus particulièrement, elle vise à soutenir le développement et la mise en œuvre de méthodologies adaptées au contexte local dans les domaines recensés comme importants et prioritaires par la communauté locale : Occupation des sols, forêt et végétation, érosion, impact climatique, etc.
Dans ce cadre, une mission dédiée à la Polynésie française et à la Nouvelle-Calédonie a pu être organisée, avec la présence de Laurent Durieux, notamment chargé de mission Coopération Internationale de l’Infrastructure de recherche Data Terra, coordinateur de l’initiative One Forest Vision (OFVi), membre du board du GEO et lead des inventaires de la Convention RAMSAR.
Les représentants de l’IRD et de l’ART GeoDEV Nouvelle-Calédonie ont ainsi eu l’honneur et le privilège d’un entretien avec le Président du gouvernement de la Polynésie française, Monsieur Moetai Brotherson, accompagné de référents des services opérationnels de l’administration polynésienne. Les missionnaires ont également eu l’opportunité de rencontrer différentes autres parties prenantes du Territoire : organismes d’Etat et institutions territoriales, acteurs de la recherche et secteur économique.
Dans la foulée de ce séjour éclair sur Tahiti, les représentants ont atterri à Nouméa, où ils ont pu par ailleurs rencontrer de nombreux acteurs de l’écosystème : institutions locales, organismes d’État, Union européenne, organisations régionales, etc. Une conférence intitulée « Le géospatial au service de la Nouvelle-Calédonie et de l’Océanie » s’est ainsi tenue le 14 mars à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, rassemblant une vingtaine de politiques, représentants et décideurs locaux.
Tout au long de cette mission sur les deux territoires précités, des discussions sur le domaine technologique particulièrement transverse qu’est le géospatial ont ainsi eu lieu. L’IR Data Terra a eu l’opportunité de présenter et d’échanger autour d’une feuille de route en pleine consolidation, mettant en avant les avancées techniques et scientifiques dans le domaine. Des échanges riches et constructifs, avec l’ensemble des interlocuteurs, autour de ces initiatives portées à l’échelle des trois territoires outre-mer d’Océanie et, plus largement, de l’ensemble des îles du Pacifique.
De tels entretiens sont nécessaires pour partager les visions et comprendre les opportunités mutuelles, constituant ainsi des pierres fondamentales d’une démarche commune qui sert le renforcement de nos capacités propres tout autant que des collaborations régionales.
Préalablement à cela, des actions ont également été menées en Papouasie-Nouvelle-Guinée, toujours en lien avec la dynamique de soutien du développement durable des Etats et Territoires insulaires du Pacifique (PICTs) par le géospatial. La mission à Port Moresby en décembre 2023 a ainsi été le fruit d’un travail intense de promotion des projets portés par l’IR Data Terra et ses composantes au profit des PICTs, en lien étroit avec la visite du Président de la République sur ce territoire en milieu d’année. Cela fut l’occasion de promouvoir des initiatives telles que Geospatial4PICTs, co-construite avec l’ART GeoDEV NC et suite logique de l’OGS 2022 à Nouméa, ou encore l’Observatoire des forêts de Mélanésie (MELANOBS), porté par l’UMR AMAP. L’opportunité d’un démonstrateur idéal en PNG d’une vision à l’échelle de l’ensemble de l’Océanie.
Il s’agira à terme de renforcer les capacités propres des territoires du Pacifique pour appuyer leur développement et leurs actions face aux crises systémiques liées aux changements climatiques. C’est bien là la finalité des initiatives de l’IR Data Terra en Océanie.
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Data Terra et ses 4 pôles Aeris, Formater, Odatis, Theia ainsi que son dispositif Dinamis ont contribué aux investigations géophysiques présentées dans la note d’Allenvi, ainsi qu’à la rédaction de cette dernière. Elles démontrent l’apport d’analyses interdisciplinaires pour caractériser la chronologie de l’éruption, la propagation des différentes perturbations des enveloppes fluides, ainsi que les couplages à l’interface entre l’atmosphère et les eaux du globe, à l’aide des réseaux marégraphiques et barométriques notamment. L’imagerie satellitaire a suivi en temps réel l’extension du panache de gaz et de cendres, afin de contrôler la dangerosité de l’événement pour l’aviation civile.
Elle a permis de documenter les dégâts occasionnés au sol et les impacts potentiels pour les populations. Les plateformes spatiales ont également permis d’analyser la nature des différents gaz injectés jusqu’à 60 km d’altitude. Les lidars spatiaux et au sol ont apporté un profilage vertical détaillé et une caractérisation des aérosols transportés. Cette éruption se distingue par une injection massive d’eau et de cendres dans la stratosphère, menant à une activité électrique intense et favorisant la formation rapide d’aérosols sulfatés liquides.
L’impact radiatif combiné des aérosols et de la vapeur d’eau a entraîné une modification de la circulation de grande échelle dans la moyenne atmosphère durant plusieurs mois après l’éruption d’après les produits de réanalyses météorologiques, et un possible réchauffement net du système climatique.