Définir des unités paysagères pour une gestion durable des territoires
De plus en plus de programmes de développement durable intègrent une approche par le paysage pour améliorer la gestion des territoires (Tonneau et al., 2020). Les Unités Paysagères, sur lesquelles la plupart de ces programmes reposent, ont pour finalité de servir de cadre spatial aux actions de gestion et de planification : subvention à l’agriculture, mise en défens d’espaces naturels à protéger, reboisement, préconisation de pratiques agroécologiques plus respectueuses de l’environnement, etc. Cependant, il n’existe pas à ce jour de consensus autour de la délimitation d’Unités Paysagères (UP) car la synthèse d’informations issues de sources variées peut prêter à des interprétations diverses, et la subjectivité des cartes produites « à dire d’expert » rend leur transfert difficile auprès des gestionnaires.
Une définition objective du paysage
Le CES Paysage de Theia propose aujourd’hui trois études qui montrent les possibilités de définir le paysage de manière « objective » en utilisant essentiellement des données d’observation de la Terre.
Les caractéristiques spatiales (couverture globale et exhaustivité), temporelles (profondeur d’archive, informations saisonnières) et physiques (mesures comparables dans le temps et l’espace) des données d’observation de la Terre en font une donnée unique pour cartographier les UP. En effet, le signal satellitaire temporel est caractéristique des conditions de surface, ces dernières étant sous influence du climat, du sol, de la topographie et des activités humaines, qui sont les principaux déterminants des paysages. La délimitation semi-automatique d’unités paysagères à partir de séries temporelles d’images d’indices de végétation (via les composantes principales des séries temporelles et, éventuellement, un indice de texture) constitue une approche robuste, générique (un test statistique est utilisé pour sélectionner l’échelle de segmentation) et facilement transférable.
Brésil, Burkina Faso, France
Cette approche a été testée à l’échelle de la France (Bisquert et al., 2015), du Burkina Faso (Bellon, 2018) et de l’État du Tocantins (Bellon et al., 2017) à partir de séries temporelles MODIS (NDVI ou EVI). Dans le cas de la France (Bisquert et al., 2017) et du Tocantins (Bellon et al., 2017), la pertinence de ces unités en termes de variables environnementales et/ou anthropiques a pu être montrée.
Le développement et la mise à disposition d’une chaine de traitement de séries temporelles (MODIS ; Sentinel-2) pour la délimitation automatique des paysages est prévue dans le cadre du projet CNES APR TOSCA « CES-Paysage » (2021-2023).
Références
Bellón B., Bégué A., Lo Seen D., de Almeida C.A. and M. Simões, 2017. A remote sensing approach for regional-scale mapping of agricultural land-use systems based on NDVI time series. Remote Sensing, 9:600. http://dx.doi.org/10.3390/rs9060600
Beatriz Bellón de la Cruz. Une approche multiscalaire par télédétection pour la cartographie et la caractérisation des systèmes agricoles à l’échelle régionale. Traitement des images [eess.IV]. AgroParis-Tech, 2018. Français. NNT : 2018AGPT0002.
Bisquert M., Bégué A., Deshayes M., Ducrot D., 2017. Environmental evaluation of MODIS-derived land units. GIScience & Remote Sensing (TGRS), 54:64-77.
Bisquert M., Bégué A., Deshayes M., 2015. Object-based delineation of homogeneous landscape units at regional scale based on MODIS time series. International Journal of Applied Earth Observation & Geoinformation, 37:72-82.
Aller plus loin
Tonneau Jean-Philippe, Bouvet Jean-Marc, Burnod Perrine, Herimandimby Hasina, Raharinjanahary Holy, Queste Jérôme, Rakotondrainibe J.H., Ratsima Arimino Toky, Labeyrie Vanesse. 2020. Guide pour l’élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion durable des paysages (PAGDP). Montpellier : CIRAD. 3 tomes.
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